BEAUMONT ET SON EGLISE

Le village de Beaumont, au cœur des Cévennes ardéchoises, bâti sur une ligne de crête entre les vallées de La Beaume et de la Drobie, possède une église remarquable par son ancienneté et tout particulièrement par son toit de lauzes.

SIRUATION

Elle est située à 35 kms, Sud-Ouest d'Aubenas

Coordonnées GPS : Latitude 44.537978 N - Longitude 4.167679 E

ASSOCIATION

Après des années d’existence l'association des «Amis de l'église de Beaumont", créée en 2008, a été dissoute en 2024.
Nous lui devons, en relation avec la municipalité, la restauration de l’église en 2010.

LA TOITURE EN LAUZES

La toiture morcelée aux pentes abruptes offre divers espaces habillés de lauzes aux faitières "papillons" dans la tradition cévenole.

HISTORIQUE

Le village de Beaumont, au cœur de la Cévenne ardéchoise, bâti sur une ligne de crête entre les vallées de la Beaume et de la Drobie, possède une église remarquable par son ancienneté et, tout particulièrement, par son toit de lauzes.
S'il n'existe pas en Ardèche d'églises datant d'avant l'an mille, comme l'affirme Robert Joly, on suppose que l'église de Beaumont fait suite à une église primitive bâtie sur la montagne de Bourrenc, au centre du mandement des communes de Beaumont, Dompnac et St Mélany, à l'époque où les trois paroisses n'en faisaient qu'une, placée sous le vocable de Sainte Marie de Chabrilles (ou Chabreilles).

Histoire ou légende ?
Quand vint la période d'agrandir les églises pour faire face à l'accroissement de la population ( Xème et XIème siècles) une polémique surgit quant à l'édification du lieu d'implantation du nouveau sanctuaire sur la commune de Beaumont. Pour certains il fallait agrandir l'église primitive (Ste Marie de Chabrilles) bâtie sur la montagne de Bourrenc. Pour d'autres, il fallait ramener l'église au centre du village de Beaumont. La polémique enfla jusqu'au jour où l'on retrouva, un matin, les outils des maçons de l'église Notre Dame de Chabrilles, sur la place du village. Les paroissiens y virent là une intervention divine et optèrent définitivement pour la construction de l'église à son emplacement actuel.

La construction en débute à la fin du XIIieme siècle. Son plan était à l'origine fort simple :
une nef de deux travées, suivie d'un chœur de dimensions plus réduites terminé au levant
par une abside polygonale à cinq pans.
De nombreux rajouts au cours des siècles en ont compliqué la structure.
Suite à une visite de M. Robert de Saint-Jean, maître de conférences et d’histoire de l’art médiéval à l’université Paul-Valéry de Montpellier, il pourrait être proposé six périodes de construction.

I : XIIième - XIIIième construction de la première travée de la nef et de l’abside, puis de la dernière travée et du clocher.
II : XIVième construction de la chapelle Sainte Catherine propriété des seigneurs de Beaumont.
III : XIVième construction de la chapelle du Saint Esprit, aujourd’hui dédiée à saint Joseph et certainement celle la prolongeant. Le portail principal date sans doute de cette période.
IV : XVIième construction de la sacristie et de la chapelle de la Sainte Vierge dans le prolongement de la nef sud.
V : 1786, construction de la chapelle des Pénitents.
VI : extension de la chapelle sainte Catherine pour terminer la nef latérale gauche.

EGLISE NOTRE DAME DE CHABRILLE

Cramponné à sa terre, dominant des ravins abrupts, le village de Beaumont surplombe les vallées de la Beaume et de la Drobie, au confluent des "Deux-Aygues", sur la route de Valgorge.

Au bouillonnement d'impétueux torrents roulant dans des gorges profondes, succède le silence entourant la magnifique église de Beaumont, curiosité de l'art roman.

Parlant du Vivarais, l'historien Robert St Jean écrit « (…) il a vu fleurir sur son sol un art roman multiple et divers qui échappe à tout essai de classification. Cette déconcertante diversité de l'art roman vivarois, qui le rend parfois insaisissable, surprendra sans doute plus d'un lecteur (…)". En écrivant ces mots, le célèbre historien de l'art médiéval apercevait-il en reflet au fond de sa mémoire l'église Notre Dame de Chabrillé à Beaumont dont la diversité des éléments colle parfaitement aux caractéristiques de l'art roman ? Ici l'éclectique appareil de maçonnerie constitué de granit, de schistes et de grès disperse ses éléments aux quatre coins de l'édifice plusieurs fois remanié.

ARCHITECTURE ET DECORATIONS

LA NEF ET SON PORTAIL

Le style architectural et sa décoration présentent un mariage harmonieux unissant adroitement les genres afin de restituer l'esprit de l'art roman dans un style sobre et dépouillé.

Cette église clunisienne, fille du prieuré bénédictin de Ruoms, semble dater de la fin du XIIème siècle ou du début du XIIIème. L'absence de motifs sculptés sur les corbeilles des chapiteaux, les arcs de plein cintre brisés soutenant la voûte en berceau de la nef centrale ainsi que le dessin du portail d'entrée semblent accréditer l'hypothèse d'un roman tardif, à la charnière du gothique dont le style "moderne", avec ses quatre chapelles latérales, a épousé l'ancienne construction.

L'ABSIDE

L'abside octogonale en cul-de-four, était à l'origine percée de trois fenêtres dont une seule subsiste.

Elle termine la nef centrale orientée est/ouest dans la plus pure tradition romane où le chevet présente sur l'extérieur des modillons en frise illustrant la période médiévale.

La frise de modillons sur l'extérieur de l'abside

LA NEF LATERALE ET LES ARMOIRIES

La nef latérale côté épître (à droite en entrant) semble constituer la partie la plus ancienne du bâtiment. Les voûtes romanes soutiennent par endroits les croisées d'ogive où des culs-de-lampe portent les armoiries des diverses familles qui se sont succédées dans la seigneurie de Beaumont. On identifie celles du Seigneur de Beaumont "gueules au lion d'or", de la famille De Roure "au chêne de sinople", etc… Etrangement, les armes du Seigneur de Brison n'y sont pas représentées alors que le "brave Brison" (tel qu'il est désigné par les historiens), mort assassiné en 1628, repose anonymement aux côtés de son épouse Françoise, sous le dallage de la nef opposée côté évangile (à gauche en entrant).

UNE "LUMIERE" POUR SURVEILLER L'ARRIVEE DU SEIGNEUR

Près de l'ancien autel, dédié à la Sainte-Vierge, une "lumière" ouvre sur la sacristie. Par ce discret orifice, le prêtre surveillait l'arrivée du seigneur du lieu où la présence effective des notables avant de débuter son office.

VISITE CANONIQUE DE 1675

Lors d'une visite canonique en 1675, le sieur Guillaume Monge, prêtre et commissaire délégué par l'évêque, avait imposé une série de travaux (blanchiment de l'église, aménagement d'un drain extérieur " à chaux et à sable " de 24 cm de profondeur pour protéger le bâtiment de l'humidité, protections grillagées des fenêtres, réfection du clocher, refonte d'une cloche, etc.) à réaliser dans un délai d'une année. L'inquisiteur avait également constaté que la lampe à huile maintenue constamment allumée devant le maître-autel était éteinte…suspicion !... La fourniture de l'huile était dévolue les six premiers mois de l'année au prêtre de la paroisse (l'huile étant payée par la dîme) et les six mois suivant à la charge des paroissiens (qui de fait payaient deux fois !). Les exigences du commissaire provoquèrent une "mutinerie". Les paroissiens refusant l'exécution des travaux et la fourniture de l'huile, la lampe fut maintenue éteinte devant le Saint-Sacrement. L'évêché répondit par des mesures de rétorsion : à la suite de l'excommunication des paroissiens, il prononça l'interdiction d'officier tous sacrements dans l'église et de ne plus accompagner l'inhumation des défunts d'un office religieux. La tension était à son comble à une période (celle des guerres de religion) où les esprits enflammés par les idées de Calvin étaient particulièrement séduisants, d'autant que la seigneurie de Brison, sous les ordres de son chef, était devenue une place-forte protestante en Vivarais. Privés de sacrements, les paroissiens de Beaumont adressèrent alors une supplique à leur évêque, demandant un délai supplémentaire pour la réalisation des travaux de l'église. Le prélat accueillit avec bienveillance leurs doléances. La "mutinerie" prit fin, la lampe à huile fut rallumée dans l'église. En signe d'apaisement (près d'un siècle plus tard !) les paroissiens érigèrent la croix de la Cour Neuve, que l'on aperçoit aujourd'hui au milieu du cimetière et portant la date de 1756….

SOURCES

- Article Ma Bastide – H Klinz
- Vivarais Gévaudan romans, de Robert St Jean et Jean Nougaret.
- Voyage au cœur de l'Ardèche romane, de Michel Gilbert.
- Beaumont, Histoire d'un village d'Ardèche, de Guy Berdaguer.

TRAVAUX

Restauration de l’église en 2010

PHOTOS

LE TABERNACLE

Le tabernacle de l’église de la Purification a une forme originale.

Il semble que son créateur se soit inspiré de la forme des pyxides, coiffées d’un couvercle conique, coffret servant autrefois à la conservation des hosties.

Anciennement elle servait de tabernacle, elle était déposée dans une niche pratiquée dans le mur latéral du sanctuaire, près de l'autel, ou suspendue au-dessus de l'autel.