CHAPELLE SAINT BENOIT A CHASSIERS

Au confluent des 2 rivières de la Ligne et la Lande, le village de vieilles pierres et de tuiles rondes offre des excursions riches en anecdotes historiques…Chassiers reste une véritable énigme historique aux origines méconnues !

SITUATION GEOGRAPHIQUE

Située à 17 kms au sud-ouest d'Aubenas

Coordonnées GPS: latitude 44.550788 N - Longitude 4.296666 - Altitude330 M

ASSOCIATION CHASSIERS

HISTORIQUE

ORIGINE

Cette œuvre romane, classée monument historique en 1917, suscite des interrogations et n’obtient pas toutes les réponses. D’après La charta vetus un monastère aurait été fonder à Chassiers par l’évêque de Viviers, Mélan II. Elle a pu être construite à l’emplacement de ce monastère. A l’apogée de l’expression architecturale romane, au XIIe siècle, la chapelle Saint-Benoît relevait d’une abbaye bénédictine : son vocable l'atteste.

LES DEUX NEFS

La chapelle Saint Benoît de Chassiers se caractérise par l’existence de deux nefs juxtaposées.

Plusieurs hypothèses ont été émises :

L’édifice primitif était une église à nef unique très large couverte d’une vaste voûte qui s’effondra. On aurait alors divisé cette nef en 2 parties.

Les archéologues vivarois du XIX siècle ont pensé qu’une nef unique, la septentrionale à l’abside semi-circulaire, aurait été construite au XII^e siècle pour les moines du prieuré et au siècle suivant on lui aurait adjoint la nef méridionale à l’abside à 5 pans pour les fidèles.

Il semble peu imaginable que l’architecte ait projeté, dès l’origine, une église à double nef.

Les deux nefs communiquent entre elles par une grande arcade à l'ouest et les sanctuaires sont reliés par un passage qui fut élargi. Il semble que la juxtaposition des deux nefs soit justifiée par la présence, au moins occasionnelle, d'une assemblée de fidèles auprès d'un espace de célébration monastique.

ARRIVEE DES PENITENTS BLEUS

A partir de 1584, la confrérie des Pénitents bleus de Chassiers s’y installa jusqu’au seuil du XXe siècle.

CHAPELLE SAINT BENOIT DE CHASSIERS

L’église St Benoit, à Chassiers, n’en finit pas de nous interpeller. Tant de mystères se cachent entre les pierres, qu’il paraît bien difficile à un profane, d’en découvrir le sens. L’architecture d’abord, puis la présence des squelettes emmurés en constitue les principales énigmes

Les deux nefs

Cette église romane, du XII^ème siècle, présente une singularité, peut-être une exception dans le département. Voici, en effet, deux églises sous un même toit ! Les deux édifices, collés l’un à l’autre, composés de deux nefs parallèles, demeurent encore un mystère pour les spécialistes de l’art roman. Pour Cyprien Payan⁽¹⁾, l’église de droite (côté Nord), caractérisée par son abside octogonale, était réservée aux moines bénédictins⁽²⁾, tandis quecelle de gauche, au chevet circulaire, accueillait les fidèles. Cette hypothèse est également défendue par l’architecte roman Michel Joly, après une étude comparée avec les fouilles de la Gleyzasse à Salavas⁽³⁾.

L'unique portail et ses piliers

Outre les chevets, l’unique portail d’entrée possède la même dissymétrie. Le pilier de gauche est polygonal et celui de droite, circulaire. Une vieille croyance populaire attribue l’usure prématurée du pilier de gauche à l’usage des fidèles qui profitaient de leur venue à l’église pour aiguiser leur couteau sur cette pierre de grès.

Les modillons

Les modillons en frise, qui apparaissent sous les corniches des absides, ont également la même originalité. Ceux de droite sont principalement des représentations de personnages ou d’animaux, alors que ceux du chevet de gauche, sont uniquement des motifs géométriques et des feuilles d’eau.

Les emmurés de l’église St Benoît à Chassiers

Un crâne humain emmuré

L’église St Benoit garde encore tous ses mystères. Il y a une dizaine d’année, accidentellement, en plantant un clou dans le mur nord de l’édifice, un morceau d’enduit s’est détaché. Il ouvrit un orifice d’une dizaine de centimètres dans le mur nord, révélant une cavité. Quelle ne fut pas la surprise des paroissiens d’y découvrir un crâne humain, emmuré. Afin de ne pas profaner cette étrange sépulture, aucune investigation n’a été poursuivie, si bien qu’il n’est pas possible de déterminer, aujourd’hui, si la loge cache un squelette entier. A travers l’orifice pratiqué dans le mur, on constate seulement que le crane porte sur le dessus, une perforation circulaire, probablement réalisée avec un objet contondant.

Ossements humains dans le maître autel

D’ossements humains, il en est encore question dans le maître autel constitué d’une pierre plate couvrant une chasse à deux loges. Le 3 septembre 1750, en remplaçant l’ancienne pierre d’autel par l’actuelle, les ouvriers, travaillant à la restauration de l’édifice, découvrent des ossements humains déposés dans les deux compartiments de la chasse de pierre. L’un contient des os noircis, laissant supposer que le défunt a été incinéré. Le second renferme des os dits blancs et appartenant à plusieurs personnes. Malgré l’examen des restes mortuaires, réalisé à cette période, il n’a pas été possible d’en déterminer l’appartenance. Aucun objet, ni aucun document ne complétait la mystérieuse sépulture.

Autel contenant les ossements dans la nef nord

Le caractère sacré de la chapelle Saint Benoît de Chassiers

Cette découverte n’a fait que confirmer le caractère sacré de l’édifice et accroître la dévotion du peuple pour cet autel devenu un lieu de pèlerinage mais également supposé guérir le mal de St Benoît. Une cérémonie annuelle se déroulait dans l’église au cours de laquelle, les enfants, supposés affectés du mal de St Benoit, devaient passer sous l’autel sacré pour en être guéris Il s’agissait là, des enfants reinaïre ⁽⁴⁾. Nul doute, que la mise à l’index de ces petits capricieux devant toute l’assistance ne pouvait avoir qu’une conséquence bienfaitrice, sans qu’il soit réellement question d’intervention divine….

De nombreuses énigmes sont encore cachées dans l’église St Benoit à Chassiers. Peut-être tenterez-vous de les élucider à l’occasion de votre prochaine visite.

LES PENITENTS BLEUS

L’église St Benoît fut également le sanctuaire des Pénitents Bleus. Cette confrérie, très importante, constituée en février 1584, par Louis de La Vernade, placée sous la protection de St Sébastien et célébrant sa dévotion à l’Esprit Saint, était principalement composée de bourgeois et de notables qui en assuraient son fonctionnement. Jusqu’au début du siècle dernier, au cours d’une cérémonie publique, les Pénitents, vêtus d’une aube bleue et le visage masqué sous une cagoule avançaient en procession à travers les rues du village, portant autour du cou un écriteau mentionnant leurs principales fautes. Tout en cheminant, ils priaient à haute voix pour le salut de leur âme et le pardon de leurs péchés.

REFERENCE DANS LE TEXTE

Ancien maire de Chassiers (1807-1875), auteur de l’ouvrage sur l’origine de la chapelle et confrérie des Pénitents Bleus de Saint-Benoit de Chassiers en Vivarais.
On suppose l’existence d’un prieuré à Chassiers dès le VI^ème siècle, avec une communauté monastique de plus de 58 religieux et l’on sait la construction de l’église St Benoit vers 1290/1293 à la suite d’un traité signé entre Raymond, comte de Toulouse et Nicolas, Evêque de Viviers en présence des seigneurs Adhémar de Poitiers et Bermond d’Anduze.
A Salavas, les deux églises furent construites, à la même période, à 1,50 m l’une de l’autre. Au cours des fouilles des coquilles St Jacques et des bourdons, ramenés par des pèlerins cheminant sur le chemin de Compostelle ont été retrouvés dans une seule des deux églises.
Mot patois désignant les enfants grincheux, grognons, sans motif légitime

LES SOURCES

Ma bastide – Henri Klinz
L’architecture romane des églises du Vivarais de Michel Joly.
Origine de la chapelle et confrérie des Pénitents Bleus de Saint Benoît de Chassiers en Vivarais par Cyprien Payan
Eglises romanes oubliées-Claudiane Fabre-Martin