SAINT JEAN DE POURCHARESSE ET L'EGLISE SAINT JEAN-BAPTISTE

L'église de Saint Jean de Pourcharesse possède le privilège de détenir d'authentiques vestiges picturaux de l'art roman, des peintures de plus de mille ans...

SITUATION GEOGRAPHIQUE

Saint Jean de Pourcharesse est située à 45 kms, Sud-ouest d'Aubenas

Coordonnées GPS : Latitude 44.487997 N - Longitude 4.105640 E

Itinéraire Aubenas - Saint Jean de Pourcharesse

ASSOCIATION

Fin 1996, création de "l'Association des Amis de l'église de St Jean de Pourcharesse".

Objet social : restauration de l'église.

Présidente: Mme Danielle Basilevitch

HISTORIQUE

Le lieu de culte initial fut fondé antérieurement à l’an 1000.

Cette église, dont il ne reste aucune trace sinon l’emplacement, était placée sous le patronage de Saint Jean-Baptiste.

Le recueil des chartes de Thomas 2 permet de rattacher cette paroisse à l’époque des fondations d’église, c’est-à-dire au 7^e et 8^e siècle, il ressort de ce recueil que Saint Jean de Pourcharesse n’est pas une fondation monastique et n’est affiliée ni à un prieuré conventuel ni à une abbaye.

En 1255, la paroisse échoit au seigneur Guigon de Joyeuse.

En 1289, par la sentence arbitrale de l’archevêque de Vienne, la seigneurie de Saint-Jean-de-Pourcharesse échoit au Corps de l’Université des prêtres de Viviers.

Au XIVe siècle, Saint-Jean-de-Pourcharesse apparaît sous le nom de Porcharessis, puis en 1501, sous celui de « parrochia Sancti Joannis de Porclzaresiis».

Il faut attendre la naissance du XVI^ème pour que l’église apparaisse dans les registres officiels.

En 1501 l’église était sans doute telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui avec la même forme extérieure, la même abside polygonale et son clocher à peigne de type auvergnat.

Ce que l’on connait de cette église provient des visites épiscopales dont elle a fait l’objet.

La visite de 1501

Le procès-verbal daté du 18 octobre 1501 ne donne pas de description de l’église, mais signale ce qui a été détruit ou détérioré par les « bandes » ou ce qui doit être réparé.

La visite de 1675 :

« L’église est ancienne et fort humide parce qu’elle est presque toute enterrée du côté du septentrion et même du couchant où est la grande porte. Elle a 11 pas de long et 5 de large, outre une chapelle de chaque côté ; le presbytère est de la largeur de l’église et terminé en rond ; il est assez bien pavé, les murailles sont gâtées par l’humidité, la voûte est fendue en plusieurs endroits dedans et dehors, le couvert est bon »

Les procès-verbaux de ces visites nous donnent un instantané de l’édifice et de la vie qui s’y déroule à des dates précises et éclairent sur son évolution au cours des siècles.

Elle est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1971.

EGLISE ROMANE DE SAINT JEAN DE POURCHARESSE

EXTERIEUR DE L'EGLISE

L’église de Saint-Jean nous surprend par la sobriété de sa construction. Elle fut édifiée par une main d’œuvre locale avec des matériaux pris sur place. Nous sommes ici dans une région schisteuse avec ses composants, le mica et le quartz, d’où l’aspect grisâtre de l’ensemble.

Nous avons vu que, contrairement à beaucoup d’autres églises de la région, Saint-Jean-de-Pourcharesse n’avait jamais appartenu à un ordre monastique. Ceci peut expliquer que ses bâtisseurs ne disposaient pas de moyens importants.

Elle comporte :

Une abside polygonale
Un clocher-peigne. Il ne reste qu’une cloche, qui porte la date de 1551, elle est classée depuis 1943.
Une très belle couverture de lauzes avec un faîtage en « papillon ».
Un portail très simple, avec deux voussures à section carrée reposant sur des impostes simplement moulurées.

INTERIEUR DE L'EGLISE

PLAN DE L'EGLISE

L’église de St Jean de Pourcharesse détient quelques étonnants vestiges de cette époque. C’est en poussant la porte, alors que le regard embrasse le chœur qu’apparaît l’étonnante énigme : par quel mystère l’abside circulaire est-elle contenue dans un chevet à plan octogonal que l’on voit à l’extérieur ? La création du nouveau retable a nécessité la mise en place d’une contre-cloison en arc de cercle masquant les peintures d’origine et identifiées il a quelques années seulement.

LE RETABLE

Le retable représente Saint Jean-Baptiste et Saint Étienne. Il date du 18e siècle et était recouvert de plusieurs couches de peinture. Derrière ont été trouvées deux fresques de Saint Michel terrassant le démon.

LA NEF ET LES CHAPELLES

La nef est voûtée d’un berceau brisé ; ses deux travées sont séparées par un arc doubleau à double ressaut retombant sur des colonnes engagées et des pilastres ; un arc diaphragme la sépare d’une travée de chœur plus basse, également voûtée en berceau brisé ; l’abside est voûtée en cul-de-four. Nous avons là toutes les caractéristiques d’une construction que l’on semble pouvoir dater de la fin du XII^ème siècle ou à la rigueur du XIII^ème, la voûte en berceau brisé faisant penser à un style roman un peu tardif.

Comme très souvent, des chapelles latérales voûtées d’ogives ont été rajoutées de part et d’autre de la nef.

LES CULOTS SCULPTES

Deux culots sculptés retiennent l’attention, représentant l’un un ange musicien, l’autre saint Jean-Baptiste, le patron de l’église, présentant l’Agneau divin.

Saint Jean-Baptiste présentant l'Agneau Divin

LA CUVE BAPTISMALE

Près de l’entrée, une très belle cuve baptismale porte la date de 1450. Elle est inscrite au titre des objets protégés.

LES PEINTURES

Comment ne pas être admiratif en découvrant les trésors contenus dans l’église de St Jean de Pourcharesse ? Émerveillement d’autant plus profond que cette discrète église possède un privilège exceptionnel, celui de détenir d’authentiques vestiges picturaux de l’art roman, des peintures de plus de mille ans…

En 2010, Vincent Ollier, restaurateur d’art à Jaillans (26), entreprend l’étude et la préservation de ces peintures qui sont présentées aujourd’hui en fac-similés à l’intérieur de l’église. Les originaux ont été soigneusement protégés.

Les représentations de l'Archange Saint Michel

Sur l’enduis primitif deux anges affrontés couvrent le chevet. Sur le côté gauche de l’abside apparaît Saint Michel archange. Sa représentation traduit l’importance de l’église de St Jean de Pourcharesse.

Sur la peinture millénaire on distingue nettement le corps enlacé du dragon, les ailes de l’archange, ainsi que les plateaux de la balance nécessaire à la pesée des âmes. Étrangement l’archange vainqueur ne porte pas sa légendaire armure. Ici il est vêtu d’une toge passée sur l’épaule gauche rappelant avant tout sa fonction d’archange. Son regard semble affublé d’un curieux strabisme dessiné dans une orbite dite «en feuille», caractéristique des postures de la période romane.

Face à lui apparaît un autre ange, vêtu du même costume, stylisé dans le même apparat. Mais l’absence d’attribut ne permet pas de l’identifier. A une période plus tardive, un autre peintre a seulement ajouté au dessin sacré un livre ouvert dont seule la couverture aux inscriptions érodées est lisible par l’assistance. On remarque également que les traits du visage sont plus fins, peut-être s’agirait-il de l’archange Gabriel, associé à St Michel lors du récit mentionné dans « le livre de Daniel».

SOURCES

- Ma BASTIDE

- Mme Danielle Basilevitch

- L’art roman en Vivarais de Claudiane Fabre.

- Rapport d’étude de Vincent Ollier.

- Une paroisse oubliée par Jean Ribon.

- Vivarais, Gévaudan romans de Jean Nougaret et Robert de St Jean.

PHOTOS

Un aperçu d'autres peintures visible par les visiteurs.

TRAVAUX

Premier des chantiers de restauration entrepris : remplacement du joug, ou "mouton", de la cloche.

Suivi au fil des ans par :

- la restauration de la tribune et le remplacement de l'escalier d'accès au clocher.

- le remplacement de la porte latérale

- la création de vitraux en lieu et place des fenêtres.

- la mise en place d'un nouvel autel dans le chœur.

- la restauration d'une statue de la Vierge et celle du retable.

Pose du fil "humidité"

Comme de très nombreux monuments anciens, celui-ci souffre de problèmes récurrents d’humidité et de salpêtre (celui-ci est déjà évoqué lors de la visite épiscopale de 1675) auquel il convient de remédier. L’architecte du patrimoine a ainsi préconisé la mise en place d’un procédé d’assèchement humi/stop, développer à La-Chaux-de-Fonds en Suisse. Se procéder prend en compte le potentiel électromagnétique spécifique du lieu à traiter.

L’installation du procédé a eu lieu au mois d’avril 2023, en périphérie de l’église de Saint Jean de Pourcharesse. Il semble qu’il s’agisse d’une première en Ardèche. Très rapidement après la mise en service du système par l’entreprise précité, il a été possible de constater la fin des odeurs d’humidité et un assèchement des murs intérieurs. Une situation pérenne.

Restauration des peintures

L’édifice était très riche en multiples décors intérieurs, différentes campagnes de sondage et de restauration de celui-ci ont été menés depuis 1975. Que l’association des amis de Saint-Jean de Pourcharesse s’attache à poursuivre. Pour ce faire une étude sur le bâti a été commandée par la commune de Saint Pierre-Saint Jean, propriétaire du lieu, étude réalisée en 2019 par monsieur Enzo WIEDER architecte du patrimoine, Architecture et Héritage, en collaboration néanmoins avec Vincent Ollier, atelier Tecni Art, spécialiste des décors peints. Cette étude concerne plus précisément le diagnostic et l’établissement d’un programme de travaux d’assainissement, de conservation des décors peints et la restauration générale de l’église.