SAINT JULIEN DU SERRE DANS SON ECRIN

L’élégance prédomine autour de l’église romane de St julien du Serre. Mais derrière ce charme discret, des interrogations demeurent pour tenter d’expliquer les énigmes de l’art roman qui habitent le superbe édifice.
SITUATION GEOGRAPHIQUE

Elle se situe en Ardèche à 10 kilomètres d’Aubenas,visible de l’arrière du château d’Aubenas, direction Nord-Est
Coordonnées GPS: Latitude 44.655321 N Longitude 4.414122 E

ASSOCIATION "LES AMIS DE SAINT JULIEN DU SERRE"
Créée en 2002, elle a pour but :
« La sauvegarde et la valorisation de l’église de Saint Julien du Serre
La participation à son entretien et aux décisions administratives la concernant »
HISTORIQUE
La présence d'une église dédiée à saint Julien de Brioude, martyr auvergnat du IIIe siècle, est antérieure au XIIème siècle.
Dès le XIème siècle, l’église de Saint julien du Serre est une dépendance du prieuré d’Ucel, qui appartient à l’abbaye de Saint Chaffre du Monastier en haute Loire, près du Puy-en-Velay.
Le vocable de l’église, Saint Julien, permet cependant de penser qu’elle existe déjà depuis plusieurs siècles.
Construite dans le courant du XIIe siècle, elle se composait originairement d'une abside prolongée par une nef. A la jonction du chœur et de la nef s'élevait un simple clocher-mur à double arcade.
De la première église, il ne reste qu’un linteau, peut-être du XIème siècle, réutilisé sur la fenêtre sud de l’abside.
Le plan de l’église, comme le type de maçonneries, permet de dater les parties les plus anciennes de la seconde moitié du XIIème siècle.
Au XVIème siècle, l’édifice est modifié par l’adjonction de deux chapelles ouvrant sur la nef et une sur le chœur.
Vers 1510, la chapelle de la Nativité, au sud de la première travée, est fondée par Jacques Chambon, juge royal du Vivarais dont les armes sont sculptées sur les culots de la voûte.
Entre 1518 et 1536, une autre chapelle dédiée à Saint-Sébastien fut construite par Messire Barthélemy du Buys. Mais, en 1855, elle sera remplacée par une construction de style néo-gothique afin d'agrandir l'église et lui donner un plan symétrique.
Une troisième chapelle, Saint-Martial-et-Saint-Jean, se dressait au sud depuis la moitié du XVIème siècle, avant de devenir la sacristie au XVIIIème siècle.
En 1873 le clocher-mur menace de s’effondrer sur l’église, il fût décidé le 23 février 1873 de le remplacer par le clocher actuel.
Le 25 août 1878 le toit de la chapelle Saint Joseph s’écroule.
En 1895 le cimetière qui se situe autour de l’église est transféré sur son lieu actuel.
En 1906, elle est classée Monument historique.
1980 à 1990 restauration complète de l’église.
EGLISE ROMANE DE SAINT JULIEN DU SERRE

L’élégance prédomine autour de l’église romane de St julien du Serre. Mais derrière ce charme discret des interrogations demeurent pour tenter d’expliquer les énigmes de l’art roman qui habitent le superbe édifice.
Malgré une architecture de facture classique, quasi conventionnelle de la période romane, çà et là de mystérieuses décorations retiennent l’attention. A la manière d’un « Da Vinci Code » d’étranges figurines et d’obscurs symboles accompagnent notre cheminement lors de la visite.

L'EXTERIEUR DE L'EGLISE
LE SIXIEME PILIER ?

A peine arrivé (le parking est tout proche) près de l’abside une première énigme surgit : le mystère du sixième pilier. Où se trouve le dernier pilier de l’extrémité nord de l’abside circulaire ? Serait-il « fondu » dans le mur de la chapelle dédiée à la Vierge Marie ? Peu probable ! D’abord parce qu’il n’apparaît même pas à l’intérieur de l’église et qu’ensuite, les bâtisseurs « contemporains » (vers 1510) n’auraient pas osé emmurer un tel vestige de l’art roman
LA FENETRE TRILOBEE DE L'ABSIDE

Dans l’axe de la nef, elle est d’un dessin tout particulier pure. Il s’agit de la stricte imitation de l’arc polylobé arabe. L’arcature trilobée s’appuie sur les petits chapiteaux des fines colonnettes. Il serait copié sur ceux de la chapelle saint-clair Dupuy. Rappelons que Saint-Julien était un prieuré de Saint Chaffre et les affinités de ce monastère avec Le Puy étaient nombreuses.

LA PIERRE DE REEMPLOI

Quant à la pierre de remploi que l’on aperçoit toujours depuis l’extérieur, sur l’arcature de grès entre le cinquième et le sixième pilier de l’abside, son symbolisme vient récemment d’être identifié par Gérald Gambier, spécialiste de l’iconographie romane. On y découvre « les ailes de l’âme », symbole du renouveau de la pensée chrétienne qui va guider le cheminement théologique au cours des premiers siècles du second millénaire où une autre manière de penser se développe : L’homme dans son aspect animal court vers la conversion et des ailes le poussent vers cette nouvelle vie dans laquelle le temporel est délaissé. Il s’enrichit de spiritualité pour gagner le ciel et son parcours le conduira à la vie éternelle. Ainsi la pierre sculptée de l’église de St Julien du Serre apparaît aujourd’hui comme une école pédagogique de la nouvelle « Eglise » médiévale. Elle traduit à elle seule l’esprit roman, même si Michel Joly laisse présumer que cette pierre pourrait être un vestige issu d’une église primitive d’avant l’an mille et figurant « deux paons héraldiques adorant la croix, motif venu d’Arménie ».
LE PORTAIL

Le portail ouvert au nord-est d’une amplitude remarquable, porté par cinq voussures carrées reposant sur de solides tailloirs couvrant des chapiteaux ouvragés où l’on retrouve les thèmes du feuillage, de la femme-oiseau, et une énigmatique tête d’homme.
LES CHAPITEAUX EXTERIEURS DE L'ABSIDE

La plupart des chapiteaux extérieurs sont historiés. Il constitue, avec quelques chapiteaux à feuillage et un tailloir à décor géométrique, la partie du programme qui illustrerait l’enfer.
Deux grands chapiteaux encadrent la fenêtre trilobée :
Sur le premier à gauche, nous trouvons un couple étonnant : un animal à tête grimaçante, d’aspect léonin, serait le diable et une femme nue, très réaliste, il s’agirait d’une pécheresse.
Sur le deuxième, un autre animal léonin tient les pattes postérieures d’un bœuf et un homme les pattes antérieures, entre les deux un bœuf et sous celui-ci un petit dragon souriant. Ce chapiteau enseignerait les vertus du sacrifice.

L'INTERIEUR DE L'EGLISE
LA TRIBUNE ET SES CHAPITEAUX

L’intérieur dont la restauration a été savamment menée, permet de découvrir la richesse des sculptures ornant les chapiteaux romans que l’on retrouve également à l’extérieur. Si leurs piliers engagés ont une fâcheuse tendance à s’incliner vers l’extérieur c’est uniquement en raison du poids de la tribune ajoutée à la construction initiale au XVIIIème siècle et qui n’avait pas été pris en compte par les bâtisseurs du XIIème siècle. Au fil des ans cette surcharge a exercé une poussée magistrale sur les murs gouttereaux.
De part et d’autre de la tribune le symbolisme de l’esprit roman apparaît dans toute sa force. A droite, deux hommes : les acrobates, se détachent nettement. Le sculpteur veut nous montrer nos vices et nous invite à travers ce symbole à une conversion intérieure ; le retournement. A gauche deux aigles, aux ailes déployées, symbolisant l'envol de l'âme.


CHAPITEAUX INTERIEURS DE PART ET D'AUTRE DU CHOEUR
L'ARCHANGE GABRIEL

La feuille d’acanthe et de manière générale le feuillage, symbole évocateur de la vertu y sont largement représentés. Une insolite scène de l’annonciation figure sur l’un des chapiteaux, sur le pilier gauche à l’entrée du chœur, sans que l’on puisse expliquer pour quelle raison l’ange Gabriel y est représenté assis ! St Julien-du-Serre est probablement la seule église romane de France à posséder une telle représentation.


LA GUIVRE

Sur le pilier droit à l’entrée du chœur apparaît une guivre (sorte de dragon, l’une des forces ennemies décrite dans l’apocalypse de St Jean) qui semble vouloir avaler un homme dont-il a déjà englouti une jambe symbolisant la lutte de l’homme attiré vers le mal et empêché dans sa conversion. Mais cette scène peut aussi être interprétée différemment comme le propose Marc Reynier : « l’homme s’échappe du monstre, symbole de l’enfer, pour aller vers le chœur de l’église symbole du bien et de la vie éternelle ». Ailleurs une Sirène, femme oiseau immortalisant la tentation se débat entre des lianes enchevêtrées du feuillage symbole de vertu pour retrouver sa conscience et fuir son animalité.
LITRE FUNERAIRE DU MARECHAL D'ORNANO

Outre les chapiteaux historiés qui font la singularité de l’église de St Julien-du-Serre, des traces discrètes de litres funéraires apparaissent près de l’escalier conduisant à la tribune. Cette bande noire qui ceignait tout l’intérieur de l’édifice n’appartient pas à la période romane. Elle est estimée du XVIIème siècle. On y distingue encore les armes de la famille D’Ornano, dont Jean-Baptiste, célèbre maréchal de France, fut marié à Marie de Montlaur-Modène, marquise d’Aubenas. Sa veuve fit tracer la présente litre et inhumer son mari dans un somptueux caveau de l’église d’Aubenas.
LA SYMBOLIQUE ROMANE A SAINT JULIEN
A St Julien-du-Serre, il en est ainsi des symboles romans, héritage des moines bénédictins de Cluny, la plus grande « Eglise » du monde à cette période mais dont il ne reste plus aucune trace des enseignements. L’interprétation des sculptures lapidaires demeure encore énigmatique même si « la composition des images religieuses n’est pas laissée à l’inspiration des artistes ». Derrière l’exécutant se cache un moine, véritable maître d’école en charge de l’enseignement des fidèles usant de la pédagogie artistique pour faire passer le message de l’évangile à travers des symboles forts.
SOURCES
- Ma Bastide :
- L’Ardèche d’une église à l’autre d’Alice Lacour.
- L’Architecture des églises romanes du Vivarais de Michel Joly.
- Les églises romanes oubliées du Vivarais de Claudiane Fabre Martin.
- Le rébus du symbolisme roman et conférence de Gérald Gambier.
- Eglises romanes en Ardèche (DVD) de La Société de sauvegarde des monuments anciens de l’Ardèche.
PHOTOS

- MA BASTIDE - Henri KLINZ


TRAVAUX
1980 - 1990

D’important travaux de restauration ont été réalisés dans les années 1980.
Des sondages effectués à cette époque ont mis à jour plusieurs couches de peinture.
Ils ont permis de reconstituer l’ensemble des motifs anciens du chœur que vous pouvez voir aujourd’hui.
Ces travaux ne se sont pas limités aux peintures du chœur, ils ont permis de restaurer l’intégralité de l’église, chapelles, chapiteaux, tableaux, croix de procession, tribune.



2022

Réalisation de deux vitraux par le maître verrier Alain Galoin de Barnas.
Le premier, "la vierge et l'enfant" sur la tribune.
Le deuxième, "le buisson ardent" sous la tribune

MANIFESTATIONS
ETE 2024
ORFEO DI CRACOVIA

ORFEO di CRACOVIA
Une même passion de la musique les réunit chaque année pour une tournée de concerts d’été à travers la France. A l’invitation de Jean-Pierre Menuge, Professeur honoris causa du Conservatoire F. Chopin de Cracovie.
Les musiciens vous feront partager une conception expressive, vivante, sincère du répertoire baroque, guidés par une expérience confirmée du concert mais, avant toute chose, par le plaisir de la rencontre à travers la musique.
I SENTIERI

CHANT CORSE - AIRS D'IRLANDE - MÉLODIES NOMADES
Traverser les pays et les siècles en musique, être grisé par l'onde et la voix solaire, sillonner les confins de notre belle planète, entendre le sable crépiter à l'écoute des sérénades corses, s'évader dans les brumes irlandaises au son des flûtes et de la harpe celtique, sentir comme un parfum d'orient via les résonances ancestrales du oud turc et du santur iranien accompagner avec poésie les plus belles mélodies de "l'ile de beauté"… C'est l'incroyable croisière que vous propose I Sentieri
ETE 2025
HEURES D’OUVERTURE
Pour visiter l’église romane de Saint Julien du Serre vous pouvez vous adresser à la mairie aux heures d’ouverture :
Le lundi : de 08h30 à 12h30 et 13h30-18h00
Le mardi : de 13h30 à 18h00
Le mercredi : de 08h30 à 12h00
Du jeudi au vendredi : de 08h30 à 12h30
145 rue de la Condamine 07200 Saint-Julien-du-Serre
Tel : 04 75 37 95 28
Visite sur demande - contact
Pour les visites de groupe, selon disponibilité, s’adresser au :
Tél : 06 84 75 82 40
amiseglise@gmail.com
Mairie de Saint Julien du Serre: mairie-stju@wanadoo.fr
REPRESENTATION DU MARTYRE DE DANIEL
Une pierre taillée, ramenée dans l'église est aujourd'hui exposée près de la porte d'entrée, à droite en entrant est donnée comme la représentation du martyre de Daniel dans la fosse au lion, le motif des animaux sculptés se retrouve exactement dans les vestiges lapidaires exposés au musée de Vagnas et provenant du prieuré de Saint-Pierre au lieu-dit Le Monastier. Cependant, le personnage central est un orant et non une figurine. Quant aux animaux représentés de part et d'autre du personnage ils n'ont du lion qu'un aspect chimérique.
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