LE VILLAGE DE VESSEAUX ET SON EGLISE
L'église St Pierre-aux-Liens est un livre ouvert dans lequel les pierres racontent l'histoire de l'église. On y découvre les pages des évènements survenus dans ce petit village situé au pied de l'Escrinet et quelques curiosités venues embellir l'église romane.
SITUATION GEOGRAPHIQUE
Elle est située à 10 kms, à l'est d'Aubenas
Coordonnées GPS : Latitude 44.651518 N - Longitude 4.440296 E
ASSOCIATION
LES AMIS DE VESSEAUX
"L’association des Amis de Vesseaux a pour objet la sauvegarde, l’enrichissement et la promotion du patrimoine du village de Vesseaux dans ses aspects historiques et environnementaux."
HISTORIQUE DE VESSEAUX
A la fin du XIème siècle début du XIIème :
Afin de freiner la conquête territoriale du Comte de Poitiers-Valentinois, vassal du Comte de Toulouse contre lequel il mène une lutte politique sur plusieurs fronts, le Comte Evêque de Viviers donne son fief de Vesseaux à l’Abbaye de la Chaise-Dieu.
En contrepartie, il demande au prieur de la Chaise-Dieu d’y installer un prieuré conventuel fortifié.
Bien qu’ayant subi de nombreux réaménagements, ce premier fort forme encore aujourd’hui le cœur historique du village.
L’évêque de Viviers, en lui transmettant un vaste territoire (domaine agricole, les landes et friches attenantes) et en plaçant sous son autorité quatre autres églises et deux prieurés, donne également au prieur de Vesseaux tous les droits seigneuriaux afférents à ce fief, notamment tous les pouvoirs de justice, de la basse à la haute justice.
Le prieur de Vesseaux devient ainsi le seigneur de ce pays et le prieuré bénédictin le plus important prieuré de la Chaise-Dieu en Vivarais.
C’est à cette époque que les Bénédictins agrandissent l’église d’une travée supplémentaire à l’ouest, lui donnant la forme d’une croix latine, ce qui les oblige à déplacer le portail et le porche de l’ouest au nord, créant une asymétrie entre les composantes de cette nouvelle entrée.
Au début du XIVème siècle
Le prieur perdra ses pouvoirs de justice au bénéfice du seigneur de Boulogne, chef du mandement auquel est rattaché Vesseaux.
Le prieur n’en demeurera pas moins ensuite et pendant cinq siècles le plus grand propriétaire foncier du village.
Au moment de la guerre de Cent Ans, le prieur fait construire une tour-donjon à l’angle nord-est de l’église pour protéger le bâtiment religieux.
HISTORIQUE DE SAINT PIERRE AUX LIENS DE VESSEAUX
Elle a été construite sur les fondations et sur les restes d’une église antérieure, église carolingienne en forme de croix grecque mentionnée en 950 dans la Charta vetus dont elle a conservé le schéma architectural.
L’église romane de Vesseaux (fin XIIème, début XIIIème siècle) est l’œuvre de 7 moines bénédictins venus fonder, au début du XIIe siècle, un prieuré, véritable castrum monastique incluant l’édifice religieux, pour leur abbaye mère de la Chaise-Dieu.
Au XIVe siècle, une tour de défense sera édifiée contre l’église. On en profita pour restaurer le chœur, le transept et la chapelle nord à l’aide d’arêtes nervurées.
A la Renaissance, on lui adjoignit deux chapelles latérales : l’une au XVe siècle, au sud, près de l’ancien cimetière, sous le vocable du Saint-Sépulcre, l’autre au XVIe siècle, au nord, de style gothique, construite pour la famille de Surville. On transforma également, à cette époque, la tour-donjon en clocher.
Cependant, elle a conservé son unité architecturale et eut surtout à souffrir des outrages du temps : ce qui lui valut extérieurement, dans ses belles parties romanes, de nombreuses réparations. Mais, à l’intérieur, elle a gardé son harmonieuse structure d’origine avec ses arcades en plein cintre et sa nef en berceau.
Le clocher, surélevé au XIXe siècle, puis restauré au XXe siècle, se remarque de loin par sa flèche aux tuiles polychromes.
EGLISE ROMANE DE SAINT PIERRE AUX LIENS
La période romane (X -ème – XII -ème siècle environ)
Etrangement, l'église primitive était construite en forme de croix grecque, dans la plus pure tradition de la chrétienté d'Orient, berceau de l'art roman. Les quatre bras égaux de la croix étaient constitués alors de quatre carrés aux dimensions parfaites de 7 mètres de côté. Ce chiffre, mystérieux, va se retrouver dans l'harmonie de la construction tout au long de l'histoire de l'église, les siècles suivants : 7 m séparant les travées, 7 m pour la longueur de la tribune, etc. L'énigme est d'autant plus surprenante que l'unité de mesure décimale n'existait pas à cette période...
LE PORTAIL ROMAN
Le portail roman initialement situé à l'ouest a été déplacé côté nord, lors de l'agrandissement de l'église et ouvre aujourd'hui place de la Grand ‘porte. Cette magnifique pièce d'architecture romane, estimée du Xème ou du XIème siècle se distingue d'une part par l'asymétrie de sa construction en raison des contraintes imposées par la longueur de la nouvelle église, bâtie sur un rocher, et d'autre part par la qualité de ses reliefs. Ici les voussures carrées alternent avec des tores (boudins) afin d'accentuer la perspective et l'impression de profondeur.
LE TYMPAN AU DESSUS DU PORTAIL
Le tympan recomposé porte en remploi la représentation d'un tétramorphe (1) bien singulier où figure au centre le personnage de Jésus en majesté, et coiffé d'un turban ! Ce vêtement nous rappelle que la Sainte famille née au Moyen-Orient était d'origine sémite. De part et d'autre de cette scène apocryphe des inscriptions (2) retiennent l'attention. Mme Marie Garnier en a réalisé la traduction suivante "Sous la poitrine de notre Seigneur Jésus, Jean a reposé bien protégé ». Puisses-tu Luc nous conduire vers les joies du paradis". Une seconde inscription (3) "Voici les dents du loup mangeant le tout petit enfant" apparaît également sous le porche. Sa signification est inconnue.
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-Tétramorphe : représentation symbolique des quatre évangélistes auquel un animal ou un symbole est attribué : l'homme pour Mathieu, l'aigle pour St Jean, le taureau pour Luc et le lion pour Marc.
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INDI PECTUS/IOAS JACUIT/BENE TECTUS/NOS ULTIMA LU/CAS.PARADIS AD/GAUDIA DUCAS
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HECCE LUPI DENTES COMENDENTES PARVUM PUERUM
AUTRES ELEMENTS
Des frises aux feuilles d'acanthe, empruntées aux sculptures de la Rome antique puis byzantines, parcourent les tailloirs et se prolongent sur les corniches latérales. Il subsiste également de l'époque primitive les signes lapidaires des tâcherons sur les murs de la construction et surtout quelques pierres de grès sculptées, utilisées en remploi. Aux entrelacs carolingiens à l'extérieur, (au-dessus de l'inscription de la "place de la grande porte ") s'ajoute, à l'intérieur, une étonnante pierre, posée à l'envers, au bas du pilier sud-ouest, dont le relief pourrait représenter un lion dévorant du feuillage. Faut-il y voir une possible représentation symbolique de la lutte du bien contre le mal (le feuillage était alors symbole de vertu et le lion en isolé l'expression de l'animalité) ? Dans le transept, des culots sculptés, d'un ange au nord et d'un homme au sud, sont incrustés à la tombée des voûtes. L'abside plate (de 7 mètres de côté) constitue une singularité en Vivarais d'autant qu'elle ne sera pas remaniée malgré les formidables transformations apportées au bâtiment par les bénédictins au XIII ème siècle.

Au XIII ème siécle : Premier agrandissement de l'église
Le seigneur-évêque de Viviers va remettre l'église de Vesseaux, aux grands abbés de La Chaise-Dieu (43) à charge pour les nouveaux propriétaires de la fortifier. Sept moines bâtisseurs (encore le chiffre 7 …), venus de l'abbatiale vellave vont donc migrer jusqu'à Vesseaux, devenu viguerie, afin d'y construire le cloître, protéger et agrandir l'église qui va devenir la plus grande église romane du mandement de la Chaise-Dieu. L'église prieurale, agrandie d’une travée supplémentaire, prend alors la forme d'une croix latine, telle que nous la connaissons aujourd'hui avec une nef de 29,5 mètres (et 7 mètres de largeur), devenant ainsi la plus longue église romane du Vivarais.
Du XIV ème au XVIII éme siécle : nouveaux agrandissements
EDIFICATION D'UNE TOUR MILITAIRE
Aux XIV et XV ème siècles, période des guerres de 100 ans, les moines édifient (1372-1375) la tour militaire, armée d'une redoutable meurtrière, taillée en angle, et toujours présente contre le mur nord de l'église. Resté catholique jusqu'au début des guerres de religion, Vesseaux devient un fief protestant pendant près de 50 ans.
LE CHOEUR
A l’occasion de la construction de la tour militaire, on remplaça les voûtes en berceau de la chapelle, du transept et du chœur. On recouvrit les ogives par des arrêtes nervurées. C’est au XV siècle que le chœur a été refait dans le style gothique flamboyant.
Le retable, sur le mur du chevet, est mis en place au XVIII siècle. Le triptyque est composé de 3 tableaux, le central représente Saint Pierre, à gauche, l’archevêque de Milan Charles Borromée, à droite Saint François de Sales, deux personnages importants de la réforme du catholicisme.
Sur l’autel porte dans sa partie antérieure l’écusson du pape successeur de Saint Pierre.
Au XV ème siècle adjonction de la chapelle du Saint Sépulcre
Elle a été construite au milieu du XV dans le prolongement de la chapelle Saint Blaise, côté Epître. Il fût fait comme s’il s’agissait d’un prolongement d’une travée latérale, aux mêmes dimensions, celle d’un carré de 7 m de côté.
En 1560 construction d’une tribune pour accueillir la confrérie du Saint Sacrement, elle devient la chapelle des Pénitents, suite à des troubles religieux elle est restée inachevée, sans accès de l’intérieur de l’église. Dès le début des guerres de religion la confrérie est dissoute, elle se reconstituera à la fin XVII siècle, il y fût conservé le coffre de la confrérie.
En 1742 elle est fermée pour une utilisation profane et a été rendue au culte en1818.
Au XVI construction de la chapelle de Surville
Elle a été fondée par un laïc, Jean de Surville, fils de Jean Berenger de Surville et de Clotilde de Chalys, célèbre poétesse. Elle fût ajoutée au nord-ouest du bâtiment principal. C’est la seule chapelle gothique de l’église.
Au XVIII siècle elle prend le vocable de Saint Joseph.
La légende transporte ici une ancienne croyance populaire selon laquelle la célèbre poétesse aurait fait déposer le cœur de son fils décédé dans cette chapelle funéraire. Elle quittait l'église toujours par le côté nord afin d'honorer la mémoire de son enfant en passant devant son reliquaire.
Au XIX siècle - Adjonction de la chapelle des sœurs de Saint Joseph
La chapelle des sœurs de Saint Joseph, construite en 1824 dans un jardin de l’enclos du couvent jouxtant l’église était destinée à permettre aux religieuses et à leurs élèves d’assister aux offices religieux tout en étant séparées des autres paroissiens.
Un XIX ème siècle enrichissant
La confrérie du très Saint Sacrement est dissoute en 1792 pendant la révolution et sera rétablie par décret en 1809. C’est pourquoi il a été décidé d’installer une tribune sur la dernière travée de la nef pour les pénitents et leur fils.
Au XIXème siècle, l'abbé Mazard rachète les ruines du prieuré et fait élever un couvent à l'intention des sœurs de St Joseph, bien avant que les religieuses ne rejoignent Aubenas. Tous les autels sont consacrés à Marie. Ils portent les symboles de la Vierge (rose, étoile, cœur). Mais étrangement il subsiste de cette époque, peints sur les autels, des cœurs inversés symbolisant habituellement l'église réformée. Leur présence ici pose bien des interrogations d’autant que certaines habitations en vivarais portent ce motif sur leurs linteaux datant d’une période antérieure aux guerres de religion.

Histoire du clocher et de sa couverture en tuiles vernissées
C’est très certainement à la fin de la guerre de cent ans, vers la fin du XV ème siècle qu’il a été décidé de surélever la tour donjon d’un étage de 5 m. Le toit de ce clocher à 4 pentes était recouvert de tuiles rondes. Dans ce clocher on installa une cloche de 15 qx.
En 1830, le maire lance un emprunt. Il justifiera celui-ci par le fait que la commune s’étant élargie, les habitants des hameaux les plus éloignés du fort n’entendaient plus la cloche de l’église. Il faut rappeler qu’à l’époque la journée de travail était rythmée par le son de la cloche.
C’est en 1835 après de nombreuses années de tergiversations que les travaux furent exécutés.
La toiture en forme de pyramide à 4 pentes et évasée à sa base fût couverte de tuiles vernissées en réemploi, sans doute en provenance du château de Boulogne vendu comme bien national en 1793, racheté par un particulier, démantelé et vendu par morceaux lors de ventes au détail.

SOURCES
- "Un village du Bas-Vivarais - Vesseaux - Eglise Saint-Pierre-Aux-Liens et prieuré de la Chaise-Dieu" Editions Dalmazon 2012
- MA BASTIDE - Henri KLINZ
- Panneaux informatif dans l'église et à l'extérieur
PHOTOS


CONTACTS
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2 place de la Mairie
07200 Vesseaux
Téléphone : 04 75 93 40 15
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ainsi que les mardis et jeudis de 13h30 à 16h30.
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